• Rendez-nous Aphrodite

     

      Les lois de notre chère République sont parfois difficilement compréhensibles. En 2010, vous pouvez montrer une paire de seins pour vendre un nouveau dentifrice ou un lave-linge. Cependant, il nous est impossible de montrer un corps d'homme ou de femme dénudés pour vendre du désir ou de l'érotisme. Aujourd'hui, la publicité est devenue la cheville ouvrière de notre société de consommation. La logique est aussi simple que destructrice: pour faire de l'argent, il suffit de vendre et pour vendre il faut instiller chez le consommateur le désir d'acheter. Et quoi de mieux que le sexe qui a toujours été l'un des moteurs de notre humanité pour faire sortir la carte bleue de notre poche ?
      La représentation du sexe perd toute valeur érotique. A force de nous placarder à chaque coin de rue une jolie paire de fesses ou un superbe décolleté, nous finissons par nous habituer à ces images et donc à ne plus ressentir la charge de désir qu'elles comportent. Cette situation a une conséquence désastreuse: la représentation du sexe n'est plus érotique. Le corps est exposé hors de tout contexte sexuel. La surreprésentation médiatique du corps n'hérisse même plus les poils des plus réacs d'entre nous. Par contre, elle a le don de faire frissonner les actionnaires pour qui la consommation d'images érotiques s'est décalée du champ du désir pour une personne, au champ du désir pour un produit. Notre cerveau se conditionne à ce nouvel usage de l'érotisme. Bientôt, quand un homme croisera une jolie femme dans la rue, il ne se dira plus «Ah! Une journée qui commence bien» mais plutôt «Merde! J'ai oublié de racheter du beurre !».
      Cette évolution de notre société vers le sexe-produit n'est pas du tout conforme avec la révolution sexuelle des années 60-70. Cette révolution était un appel de la jeunesse, et surtout des jeunes femmes, à ce que le sexe ne soit plus quelque chose de tabou, de seulement procréatif, mais une source de plaisir dont elles avaient le droit de jouir au même titre que les hommes. C'était un gros "merde" lancé à cette génération faite de femmes à la sexualité sacrifiée par respect des moeurs et de la religion. A cette époque, une Brigitte Bardot, un Serge Gainsbourg ont été les figures d'une révolution, c'est-à-dire d'une fuite en avant vers un monde nouveau. A cette époque, la lutte pour le désir et l'érotisme, pour une sexualité plus libre, voulait dire quelque chose. Des jeunes hommes et des jeunes femmes ont complètement sabordé les anciennes conventions pour exprimer leur soif d'un ailleurs. Bien sûr aujourd'hui cette tendance n'a fait que s'amplifier, nous parlons bien plus librement de sexe que dans les années 60-70, mais dans le même temps nous sacrifions aussi l'esprit de cette révolution en faisant parfois du sexe un simple objet de consommation.

      Nous sommes dans une société complètement dichotomique: la pornographie de bas étage ne crée pas vraiment de débat, mais des seins nus sur une plage mettent mal à l'aise. Tout le monde parle de sexe mais peu en parlent sérieusement. L'érotisme cher à nos ainés quitte de plus en plus la sexualité pour aller vers d'autres domaines qui lui sont totalement étrangers et qui le dénaturent. Alors oui, nous sommes bien plus libres que nos ainés sur beaucoup de points en matière de sexualité mais en faisant du sexe une simple marchandise dénuée de rêve et d'imaginaire, on le vide de sa substance qui en fait tout l'attrait: le désir de l'autre et l'envie de partager un moment à part.

      Julien

      Article basé sur celui de de Maia Mazaurette chroniqueuse du magazine Gentlemen's Quaterly d'avril 2010.

      Image: http://adam-art.ch/erotique/docu76a.jpg


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Julien1
    Jeudi 20 Mai 2010 à 15:41

    Merci beaucoup Flo de m'avoir publié. Et aussi d'avoir corriger mes fautes (pas trop changer depuis la terminal mdr). En tout les cas les gars j'aime bien votre blog, je partage pas toujours l'avis de ce qui est dit. Mais en tout cas j'aime bien vous lire car sa permets d'ouvrir le débat.

    Merci encore et bonne continuation à vous !!!

    2
    Lundi 24 Mai 2010 à 23:15
    Et oui c'est reuuh moi qui repost un commentaire pertinent...(le 1er qui contredit, 'ttention!).

    Je partage ton avis Julien sur cet article toute fois, il y manque deux trois choses à mon avis. Combat pour faire du sexe un sujet non tabou, il y a eu et il y a encore. Profusion de sein et fessiers en veux tu en voila, exact. Seulement, on a pas perdu que le sens de l'erotisme dans tout cela.

    Prends une juene fille de 18/20 ans aujourd'hui, elles font peur, elles réclament des amants a tour de bras en s'oubliant, en oubliant leur plaisir. Les hommes a force de voir du cul gratis, en perdent le coté sous entendu qui est exitant et les filles de se voir mise a nue en  perdent l'idée que prendre son pied c'est...le pied! A trop exposé le corps, on le rends aspetiser, a trop parler cul ( dans le sens : performance, chiffre, ect), on en perds la quintessence........J'ai l'impression que femme etséxualité c'est un combat qui rime avec éternité..........rendez nous Lilith!
    3
    Julien1
    Jeudi 3 Juin 2010 à 16:33
    Salut Lounna !

    Bah heuresement que tu contredis ou que tu veux rajouter des choses, parler pour parler tout seul sa sert pas à grand chose !

    Effectivement tu as raison, une petite  partie (pas toute heuresement !) des jeunes filles pensent que pour être " dans le vent", il faut multiplier les partenaires. Le but souvent n'étant pas de simplement prendre son pied mais juste de consommer du mec comme on consomme des chocobons ! Après,même si c'est un phénomène qui touche surtout les jeunes, il faut pas oublier que c'est quelque chose qu'on peut voir chez d'autres femmes plus agées.
    Je suis d'accord avec toi pour penser que ces filles qui se pensent libres parce qu'elles multiplient les mecs,pour le principe, oublient le but de tout cela à savoir se faire plaisir et profiter. Maintenant,contrairement à toi, je pense que c'est surtout un phénomène qu'on voit chez les jeunes hommes plutôt que chez les jeunes femmes. 
    Pour moi chacun fait ce qu'il veut, le problème c'est qu'un bon nombre de jeunes femmes et de mecs (surtout de mecs d'ailleurs) font ce qu'il est de "bon ton" de faire et côté épanouissement personnel on a trouvé mieux !

    Comme toi, et d'ailleurs je le dis dans l'article, je pense qu'on a globalement pas de problème à parler de sexualité de manière "scientifique" (performance, chiffre comme tu dis). Le problème c'est que dès qu'on veut creuser un peu ou sortir des sentiers battus, les tabous arrivent très vite à faire surface. Et c'est là qu'on se rend compte que contrairement aux apparences tout le monde n'est pas aussi à l'aise avec le sexe que ce que l'on dit.  On est à l'aise avec le sexe que  quand on est dans le politiquement correct. L'idéal pour moi,  ce n'est pas que l'on puisse parler, de sexualité comme on pourrait parler de l'arrivé du Beaujolais nouveau. Il faut absolument que la sexualité est une place à part. Cependant il faut qu'on arrive à en parler le plus librement possible, sans contraite du" quand dira t'on" ou sans pression d'effets de mode ou je ne sais quoi. Et de ce côté là y'a, comme tu dis, encore beaucoup de combats pour que hommes et femmes est une sexualité qui leur appartient complétement.

    A bientôt.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :