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    200 ans pour Alfred de Musset

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      Les lois de notre chère République sont parfois difficilement compréhensibles. En 2010, vous pouvez montrer une paire de seins pour vendre un nouveau dentifrice ou un lave-linge. Cependant, il nous est impossible de montrer un corps d'homme ou de femme dénudés pour vendre du désir ou de l'érotisme. Aujourd'hui, la publicité est devenue la cheville ouvrière de notre société de consommation. La logique est aussi simple que destructrice: pour faire de l'argent, il suffit de vendre et pour vendre il faut instiller chez le consommateur le désir d'acheter. Et quoi de mieux que le sexe qui a toujours été l'un des moteurs de notre humanité pour faire sortir la carte bleue de notre poche ?
      La représentation du sexe perd toute valeur érotique. A force de nous placarder à chaque coin de rue une jolie paire de fesses ou un superbe décolleté, nous finissons par nous habituer à ces images et donc à ne plus ressentir la charge de désir qu'elles comportent. Cette situation a une conséquence désastreuse: la représentation du sexe n'est plus érotique. Le corps est exposé hors de tout contexte sexuel. La surreprésentation médiatique du corps n'hérisse même plus les poils des plus réacs d'entre nous. Par contre, elle a le don de faire frissonner les actionnaires pour qui la consommation d'images érotiques s'est décalée du champ du désir pour une personne, au champ du désir pour un produit. Notre cerveau se conditionne à ce nouvel usage de l'érotisme. Bientôt, quand un homme croisera une jolie femme dans la rue, il ne se dira plus «Ah! Une journée qui commence bien» mais plutôt «Merde! J'ai oublié de racheter du beurre !».
      Cette évolution de notre société vers le sexe-produit n'est pas du tout conforme avec la révolution sexuelle des années 60-70. Cette révolution était un appel de la jeunesse, et surtout des jeunes femmes, à ce que le sexe ne soit plus quelque chose de tabou, de seulement procréatif, mais une source de plaisir dont elles avaient le droit de jouir au même titre que les hommes. C'était un gros "merde" lancé à cette génération faite de femmes à la sexualité sacrifiée par respect des moeurs et de la religion. A cette époque, une Brigitte Bardot, un Serge Gainsbourg ont été les figures d'une révolution, c'est-à-dire d'une fuite en avant vers un monde nouveau. A cette époque, la lutte pour le désir et l'érotisme, pour une sexualité plus libre, voulait dire quelque chose. Des jeunes hommes et des jeunes femmes ont complètement sabordé les anciennes conventions pour exprimer leur soif d'un ailleurs. Bien sûr aujourd'hui cette tendance n'a fait que s'amplifier, nous parlons bien plus librement de sexe que dans les années 60-70, mais dans le même temps nous sacrifions aussi l'esprit de cette révolution en faisant parfois du sexe un simple objet de consommation.

      Nous sommes dans une société complètement dichotomique: la pornographie de bas étage ne crée pas vraiment de débat, mais des seins nus sur une plage mettent mal à l'aise. Tout le monde parle de sexe mais peu en parlent sérieusement. L'érotisme cher à nos ainés quitte de plus en plus la sexualité pour aller vers d'autres domaines qui lui sont totalement étrangers et qui le dénaturent. Alors oui, nous sommes bien plus libres que nos ainés sur beaucoup de points en matière de sexualité mais en faisant du sexe une simple marchandise dénuée de rêve et d'imaginaire, on le vide de sa substance qui en fait tout l'attrait: le désir de l'autre et l'envie de partager un moment à part.

      Julien

      Article basé sur celui de de Maia Mazaurette chroniqueuse du magazine Gentlemen's Quaterly d'avril 2010.

      Image: http://adam-art.ch/erotique/docu76a.jpg


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